Cette idée n'en reste néanmoins qu'au stade de projet, probablement à cause du malaise que certains thèmes de l'œuvre, comme l'inceste ou l'animalité, provoqueraient auprès d'un public américain culturellement imprégné de puritanisme[88]. C'est un royaume clos sur lui-même et endogame, à l'image de son château tourné vers la cour intérieure. », Mais les relations du réalisateur avec Philippe Dussart, le directeur de production, deviennent de plus en plus difficiles. Et l'enchantement — teinté parfois d'humour, pour les adultes — va croissant[81] ». Anne E. Duggan voit dans ce personnage une distanciation des princesses des contes de fées classiques, qui n'existent que par rapport à leur prince et font preuve de passivité ; contrairement à ces dernières, la Peau d'âne de Demy n'hésite pas à faire valoir ses sentiments pour son père et semble manipuler magiquement le Prince pour l'apercevoir d'un angle avantageux, lors de la scène de la masure. Et si la richesse du royaume bleu et du royaume rouge est bien transmise par l'opulence des décors et des costumes, Peau d'âne la souillon fréquente un monde de laideur, obéissant à une femme qui crache des crapauds et chargée des auges des cochons. C’est en fait dans la ferme du château de Neuville situé à Gambais , qu’ont été tournées les scènes de vie paysanne . Quand on enlève la peau d’un animal, elle reste « vivante », organique. ». C'est ce succès qui amènera un producteur anglais à financer le prochain projet de conte de fées de Jacques Demy, Le Joueur de flûte[86]. L'histoire tient en une phrase : pour échapper au désir incestueux de son père, Peau d'âne exige de lui des robes de plus en plus somptueuses jusqu'au jour où elle s'enfuit, déguisée en souillon. Vous aimerez peut-être aussi... Jacques Demy - La collection. Parce qu’une rose qui parle vous regarde toujours dans les yeux. Ainsi, le défilement de la pellicule en marche arrière permet de donner l'impression que des bougies s'allument par la seule action de la baguette magique (alors qu'elles ont en réalité été préalablement filmées en train de s'éteindre), que les deux héros dans leurs roulades oniriques parviennent à remonter une pente (ils se sont plutôt laissés glisser naturellement vers le bas) ou que la Fée des lilas remonte par le plafond (le plan est en fait une répétition inversée et ralentie du plan précédent, qui la faisait crever le plafond et descendre dans la pièce). Considéré comme un « film culte » grâce à l'audace de ses thèmes et de son parti pris visuel, ainsi qu'à sa musique signée Michel Legrand, Peau d'âne constitue le plus grand succès au box-office de Jacques Demy. La masure, elle, accueille chaque élément du film à la fois dans la série du propre et dans celle du sale : y coexistent en même temps les meubles luxueux que la Princesse a fait apparaître et les éléments misérables d'une cabane au beau milieu d'une forêt[171]. L'héroïne de Disney est ainsi une domestique en haillons qui cherche à marier la bonne gestion de son foyer et le maintien de son noyau familial, constitué par les sept nains. La plupart sont contemporaines du temps où les contes de fées étaient à la mode, c'est-à-dire contemporaines de Charles Perrault (1628-1703) et du siècle de Louis XIV, surnommé le « Grand Siècle » pour la richesse de ses arts et de ses figures historiques. Dans Aden, le guide culturel du Monde, Philippe Piazzo salue alors « le film qu'on revoit pour la cent douzième fois » et dont le monde « continue de nous transporter[105] ». Les "conseils de la Fée des Lilas" (Delphine Seyrig), marraine de Peau d'âne (Catherine Deneuve). Cette même scène est une autre occasion d'apercevoir différentes sociétés se mêler et se hiérarchiser, et les gros plans de la caméra sur les mains, auxquelles on tente de passer la bague au doigt, tiennent de la même volonté de réalisme. Si les petits sont aussi effacés, dans un univers pourtant dévolu au monde de l’enfance, c’est que les adultes ont pris leur place. Il reste néanmoins admiratif des « merveilles visuelles » imaginées par Demy et de la beauté de Deneuve[83]. Lors d'une interview, Michel Legrand, qui a son brevet de pilote, évoquera une excursion en avion au-dessus du château de Chambord avec Jacques Demy, quelques semaines après la sortie du film, durant laquelle les deux « demy-frères », comme ils s'appellent[67], chantent à tue-tête les musiques imaginées pour Peau d'âne[64]. Il avait cette âme qui n'est pas que féérique mais aussi mélancolique. Rosalie Varda, qui n'avait que douze ans à l'époque et apparaît dans le court-métrage, se souvient aussi des deux rôles de figurante qu'elle interprète : celui d'une prétendante parmi les princesses qui essaient la bague de Peau d'âne auprès du Prince, mais aussi celui d'une petite fermière dans la cour du château de Neuville. C'est d'un autre miroir dont l'héroïne se sert, depuis sa cabane, pour observer la réaction de son père une fois qu'elle a fui le château. À cette histoire merveilleuse, le réalisateur apporte une esthétique « pop » caractéristique des années 1960 mais encore inédite dans le cinéma français. Ses premières traces remontent à plus de 150 ans avant que Charles Perrault n'en propose une version rimée en 1694. Un col identique apparaît par ailleurs à la fin du film sur la tenue de mariée de la Princesse, cette fois-ci, comme pour signifier qu'avec son choix de mariage conventionnel, ayant refusé de céder à la tentation de l'inceste, l'héroïne s'expose au risque de se voir par la suite défiée en beauté par de plus jeunes rivales[167]. Les directives que Demy donne à ses acteurs sont très précises et insistent sur les gestes pour mieux faire se dégager la dimension merveilleuse. Des décennies après la sortie de Peau d'âne, ses chansons composées par Michel Legrand ne cessent d'être citées dans la culture populaire. Pour lui échapper, la princesse disparaît dans un autre royaume, planquée sous une peau d'âne sur les conseils avisés de sa marraine la fée, jusqu'à ce que le prince tombe fou amoureux d'elle. Peau d'âne Adaptation d’un onte de Pe ault Récit tiré des Contes de ma mère l'Oye de Charles Perrault Il était une fois un roi très puissant. Par son discours intergénérationnel, le film acquiert au fil des années un statut culte[88],[10],[20]. À la date où Demy relance son projet, le conte n'a encore bénéficié que d'une seule adaptation portée sur grand écran par Albert Capellani en 1908. Préférant les tournages en décors naturels aux reconstitutions en studio, Demy est également favorable au caractère artisanal des effets visuels[29], qui contribuent selon lui à recréer l'atmosphère fantastique du conte, dans le même style que ceux de Georges Méliès[51] ou Jean Cocteau avant lui[52],[53]. Le prince peut alors l'épouser, les fêtes pour leurs noces durent trois mois et laissent tous les plus grands princes du monde entier défiler. Elle apparaît « hors-jeu » et permet de regarder ou bien en arrière ou bien en avant (le Roi puis le Prince apparaissent ainsi tour à tour dans les miroirs). Elle rend alors visite à sa marraine, la Fée des lilas (Delphine Seyrig), pour obtenir son conseil. Peau d’âne ne serait pas contre épouser son père. Enfin, l'hélicoptère nuptial de la Fée des lilas paraît faire écho dans le domaine anachronique aux motos funèbres qui ferment le film Orphée[140]. Dans certaines versions du conte, l'âne dont la princesse porte la peau était un âne magique qui déféquait des pièces d'or et faisait la richesse du roi. Catherine Deneuve Delphine Seyrig Jacques Perrin Jean Marais Micheline Presle, Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution. [...] Il fallait que je la réadapte. La dernière modification de cette page a été faite le 6 janvier 2021 à 11:16. souhaitée]. Ce qui nous a valu des fous rires dont on peut détecter la trace dans quelques scènes du film. Elle se montre ainsi active dans la poursuite du Prince, l'éblouissant d'un éclat lumineux et glissant délibérément sa bague dans le cake (ruse néanmoins déjà présente dans le conte)[146]. Suscitant l'hostilité par son déguisement, elle parvient à conserver son secret jusqu'à sa rencontre fortuite avec le prince d'un château voisin. un coffret regroupant trois films de Demy : une édition intégrale des œuvres de Demy, qui offre pour, la princesse Pioche de La Vergne : c'est le nom de baptême de, la princesse de Monthion : le nom de cette fillette évoque, la duchesse Girard de Saint-Amand : son nom rappelle, la duchesse Antoinette du Ligier de la Garde : cette femme très âgée porte le nom de baptême d', la comtesse Le Métel de Boisrobert : son nom évoque, la comtesse d'Escarbagnas : son homonyme est le personnage principal de la comédie-ballet, la marquise Marie de Rabutin-Chantal : c'est le nom de baptême de la, la comtesse Le Bovier de Fontenelle : son nom évoque, la baronne Mary Wortley Montagu : elle porte le nom de, la baronne Vauquelin de la Fresnaye : son nom rappelle, lorsque la jeune fille en fuite regarde dans le miroir ce qu'il advient du Roi bleu, qui ordonne à ses conseillers de la retrouver. Celui-ci adjoint à la version classique une seconde, en prose, celle-là même qui sera par la suite la plus reprise et illustrée notoirement par Gustave Doré. La raison d'État exigeant un héritier mâle, sur son lit de mort, elle fait promettre à son mari de ne prendre comme nouvelle épouse qu'une femme plus belle qu'elle. Les personnages de l' histoire [modifier | modifier le wikicode] Le roi : père de Peau d'âne. Peau d'Âne - Jacques Demy (1970) vu par Blow up/Arte - Les Caves du Majestic Depuis le 13 avril et jusqu'au 4 août 2013 à la cinémathèque française se tient … C'est-à-dire l'appauvrir véritablement alors que c'est un film qui réclamait du fric puisque c'est un film sur de la magie et que la magie ça se paie très cher, « Puis, au tournage, un technicien s'est promené avec un projecteur 16, « la projection aurait été déformée par les plis de la robe. Ne s'avouant pas vaincue, elle conseille à la princesse de demander à son père qu'il lui offre comme ultime preuve d’amour la peau de l'âne crottant des louis d'or. On en gardera la mémoire. Le temps passe et le roi se voit dans l'obligation de se remarier pour faire un héritier. Le conte et son adaptation peuvent ainsi donner une vision réaliste du contexte historique, qui se traduit notamment par une représentation des classes sociales : le Prince s'interroge sur les souillons vivant dans la crasse, et la souillon en question empeste tant qu'elle provoque un évanouissement lors de la séance d'essayage de l'anneau. Fille du Roi bleu et désormais orpheline de mère, la Princesse est la seule à correspondre aux critères que respecte son père pour trouver une nouvelle épouse. Peau d'âne est un film réalisé par Jacques Demy avec Catherine Deneuve, Delphine Seyrig. Un film: Peau d’Âne de Jacques Demy, jeudi 24 décembre à 20h40 sur OCS Géants, disponible sur Netflix et en DVD. Il est à New-York et on l'a pris pour une demoiselle à cause de son prénom. Le choix de Jean Marais pour le rôle du Roi bleu, lui qui incarnait la Bête chez Cocteau, est d'ailleurs lié à cette référence[132]. La moue qu'adopte la Princesse à la nouvelle de ces fiançailles paraît alors exprimer sa déception face à la perte du véritable homme aimé, déception identique à d'autres dans les films de Demy (tels Lola ou les Parapluies de Cherbourg) : selon Anne E. Duggan, avec ce mariage contracté par pures considérations sociales envers un homme ayant une bonne situation, la fin de l'histoire ne satisfait pas nécessairement les désirs non conventionnels de l'héroïne[7]. Le conte de Perrault dans son intégralité : Peau d'Âne. Ils prennent le train depuis la capitale puis une voiture à Orléans afin de rejoindre le château[62]. Une Princesse, conseillée par sa marraine la Fée, refuse l’amour de son père en fuyant cachée dans une peau d’âne, qu’elle quitte parfois quand elle est seule dans sa cabane au fond des bois. La Princesse s'inquiète tout d'abord d'un tel dessein, mais entretient des hésitations, sensible à l'insistance de son père et à l'amour qu'elle-même lui porte. Alors on a fait tout ce qui fallait faire pour l’image et pour le son. Les efforts des ministres pour trouver une princesse à la hauteur de la défunte reine restent vains, jusqu'à ce qu'ils admettent que seule la fille même du couple royal peut se prévaloir d'une telle beauté. On la mit dans un coin de la cuisine, où elle fut les premiers jours en butte aux plaisanteries grossières de la valetaille, tant sa peau d’âne la rendait sale et dégoûtante. La « maladie d'amour » que les médecins diagnostiquent au Prince ne tient pas plus de la fantaisie et est sérieusement répertoriée parmi les maladies existantes, et il arrive notamment que la malheureuse victime se voie prescrire un mariage pour y remédier. Les images présentent ainsi sur la pelouse de Chambord le cinéaste François Truffaut, qui connaît bien Demy qu'il a rencontré sur plusieurs tournages[60] et Catherine Deneuve pour l'avoir déjà dirigée l'année précédente dans La Sirène du Mississipi et avoir entamé une liaison avec elle[61]. Après la mort de celle-ci, le roi accablé de tristesse dit à sa fille qu'il ne veut plus jamais la revoir. Au contraire du fantastique, si des évènements surnaturels se produisent dans le cas du merveilleux, ils s'inscrivent naturellement dans la réalité et sans provoquer de perturbation[121]. Mais c'était surtout en sous-main, une injonction à la surréalité au sens esthétique et littéraire, « Tourner avec Demy, ce fut des moments de grâce, des moments de notre vie qu'on n'oublie pas. Mais la seule personne capable de rivaliser avec sa beauté n'est autre que sa propre fille, et le roi la demande en mariage. Une première version du scénario consistait en effet pour Demy à peupler le royaume de Peau d'âne de pendus, de squelettes et de pestiférés, pour élargir la féérie. Les couleurs, qui imprègnent bien plus d'éléments que les films traditionnels, des chevaux jusqu'à la peau des gardes, sont à rattacher au style vif et aux couleurs tranchées d'Andy Warhol. Peau d'âne est un film musical français écrit et réalisé par Jacques Demy, sorti en 1970. C’est une loi des humains. 4 juil. Mais pas n’importe quel film : l’emblématique Peau d’âne de Jacques Demy, filmé à l’été 1970 en partie dans le château de Neuville (Gambais 78). Le miroir, célébration de frivolité et de superficialité par laquelle on vérifie son apparence, apparaît notamment lorsque la Princesse rend visite à sa marraine, qui la réprimande pour l'interrompre dans sa toilette avant même qu'elle ne soit présentable.